Auteurs : Camille CENNI, interne de génétique médicale et Pr David GENEVIEVE Centre de Référence Anomalies du Développement CHU MONTPELLIER
Publié mars 2020
OMIM #135900 ; ORPHA :1465)
Le syndrome de Coffin-Siris (SCS) est une maladie génétique pouvant concerner plusieurs organes, congénitale (c’est-à-dire apparue pendant la vie fœtale), décrite pour la première fois en 1970 par Grange Coffin et Evelyn Siris.
Il est classiquement caractérisé par :
Le syndrome de Coffin-Siris était initialement considéré comme une maladie très rare, car la prévalence à la naissance était estimée inférieure à 1/1 000 000.
Actuellement, le gène majoritairement impliqué dans ce syndrome est l’un des gènes le plus fréquent rapporté dans la déficience intellectuelle.
Il est également, très hétérogène d’un point de vu génétique, puisqu’actuellement 11 gènes peuvent être responsables de ce syndrome (cf Diagnostic génétique et moléculaire).
Le diagnostic génétique est important à poser afin de mettre en place le plus tôt possible les aides nécessaires au développement optimal des enfants et de prévenir les éventuelles complications liées aux atteintes de certains organes, comme le cœur par exemple.
Le diagnostic génétique du syndrome de Coffin-Siris repose sur l’identification d’une anomalie génétique dans l’un des gènes impliqués dans ce syndrome.
La confirmation moléculaire est importante pour le conseil génétique à donner aux parents et aux personnes à l’âge adulte.
Pathologie |
Gène |
Num OMIM de la maladie |
Num OMIM du gène |
SCS1 |
ARID1B |
# 135900 |
*614556 |
SCS2 |
ARID1A |
# 614607 |
*603024 |
SCS3 |
SMARCB1 |
# 614608 |
*601607 |
SCS4 |
SMARCA4 |
# 614609 |
*603254 |
SCS5 |
SMARCE1 |
# 616938 |
*603111 |
SCS6 |
ARID2 |
# 617808 |
*609539 |
SCS7 |
DPF2 |
# 618027 |
*601671 |
SCS8 |
SMARCC2 |
# 618362 |
*601734 |
SCS9 |
SOX11 |
# 615866 |
*600898 |
SCS10 |
SOX4 |
# 618506 |
*184430 |
SCS11 |
SMARCD1 |
# 618779 |
*601735 |
Corrélations Génotype-Phénotype
Les tableaux ci-dessous reprennent la description du syndrome en fonction du gène impliqué.
Tableau de comparaison génotypes-phénotypes français
Tableau de comparaison génotypes-phénotypes anglais
Fréquence des gènes impliqués dans le syndrome de Coffin-Siris, selon une revue de la littérature (mise à jour, mars 2020).
Dans 25% des situations, aucune anomalie génétique n’est identifiée. Cela ne signifie pas qu’il ne s’agit pas d’un syndrome de Coffin-Siris, mais que la cause génétique est encore inconnue (anomalie présente dans un des 11 gènes connus, mais non identifiée par les techniques actuelles ou présente dans un gène non encore décrit dans cette pathologie).
Le syndrome de Coffin-Siris est un ensemble de malformations congénitales regroupant un large éventail de symptômes.
Les signes pendant la grossesse sont rares (bébé de petite taille et/ou avec une petite tête, anomalies cardiaques ou du système nerveux central).
Certains signes, notamment les anomalies malformatives, peuvent être notés dès la période néonatale :
Les particularités morphologiques peuvent être présentes dès la naissance dans environ 30% des situations, notamment l’hypertrichose (c’est-à-dire une pilosité trop importante) ou la microcéphalie (c’est-à-dire une petite tête).
Dans l’enfance, il est décrit :
Le diagnostic du syndrome de Coffin-Siris repose soit sur l’identification de signes cliniques compatibles associés à une anomalie génétique dans l’un des gènes impliqués dans ce syndrome, soit lors d’une analyse pangénomique sans idée préconçue.
On considère qu’il existe des signes majeurs et des signes mineurs de la maladie.
Les signes caractéristiques majeurs comprennent :
Les caractéristiques mineures incluent :
et les infections fréquentes.
Le syndrome de Coffin-Siris est une des maladies génétiques les plus fréquentes dans la déficience intellectuelle, de transmission dite « autosomique dominante ».
Nous avons tous nos gènes en deux exemplaires, un venant de notre mère et l’autre venant de notre père.
Le terme « autosomique » signifie que les personnes atteintes peuvent aussi bien être des femmes que des hommes, la maladie n’est pas liée au sexe. Le terme « dominant » signifie qu’il suffit qu’une seule copie d’un des gènes impliqués dans ce syndrome soit altérée pour développer la maladie. Il s’agit le plus fréquemment d’une anomalie génétique « de novo ». Cela signifie que ni la mère, ni le père ne sont porteurs de cette anomalie et qu’elle est apparue accidentellement, probablement lors de la formation de l’ovocyte ou du spermatozoïde qui ont permis la naissance de l’enfant.
Cela implique pour les parents que le risque d’avoir un deuxième enfant atteint de ce syndrome est très faible. Cependant, ce risque n’étant jamais égal à zéro, il peut être proposé aux parents un diagnostic prénatal invasif ou non-invasif pendant la grossesse, si l’anomalie familiale est connue.
Pour les personnes atteintes du syndrome de Coffin-Siris, lorsqu’elles souhaitent avoir des enfants, elles ont 50% de risques de leur transmettre l’anomalie, quel que soit le sexe, et donc 50% de chances de ne pas leur transmettre.
Prise en charge médicale initiale
Au moment du diagnostic, l’évaluation initiale cherche à faire le point sur l’étendue de la maladie et les problèmes médicaux à prendre en charge. Elle est le plus souvent coordonnée par un généticien clinicien ou un pédiatre du Centre de Référence « Anomalies du Développement et Syndromes Malformatifs » en relation avec le pédiatre ou le médecin traitant de l’enfant. Selon les complications associées, d’autres spécialistes pourront intervenir dans le suivi.
Bilan clinique
Bilan complémentaire systématique
Bilan complémentaire spécialisé dirigé par la clinique
Suivi annuel par généticien ou pédiatre pour évaluation pédiatrique classique, gastro pédiatre et nutritionniste pour suivi de la croissance, ophtalmologiste et ORL.
Le diagnostic peut être porté dans la première année de vie. L’enfant bénéficiera du suivi habituel proposé par les pédiatres français.
Ce suivi sera d’autant plus nécessaire que vont apparaitre les symptômes non spécifiques comme des troubles de l’alimentation ou une hypotonie. Le bilan initial doit être réalisé dès l’évocation du diagnostic. Puis un suivi régulier par un pédiatre doit être proposé. Pour rappel, neuf consultations sont prévues au cours de la première année de vie, prises en charge à 100 % par l’Assurance Maladie, à 1, 2, 3, 4, 5, 6, 9 mois et 1 an ; puis trois consultations sont prévues au cours de la deuxième année puis deux fois par an jusqu’à six ans.
A cet âge les adolescents ont en général une bonne santé. L’âge de la puberté et son déroulement ne posent pas de problème particulier.
Il importe de rechercher tôt un établissement de prise en charge à l’âge adulte.
La surveillance médicale doit se poursuivre en fonction des pathologies notées pendant l’enfance.
La prise en charge débute souvent avant que le diagnostic ait été fait. Elle commence donc dès la constatation des difficultés motrices. Elle vise à faciliter le tonus avec comme objectif l’acquisition de la marche et d’améliorer celle-ci. Elle doit commencer très tôt, dès les premiers mois de vie. Sa poursuite permet outre d’acquérir la marche, d’en améliorer sa qualité et de lutter contre les troubles de l’équilibre. À l’âge adulte, la kinésithérapie entretient l’acquisition de la marche et l’autonomie.
Une prise en charge orthophonique précoce est nécessaire dès la petite enfance (en cas de trouble de succion/déglutition) pour mettre en place une stimulation oro-faciale. Elle est fondamentale pour assurer un moyen de communication. Les séances d’orthophonie doivent débuter très tôt pour corriger ces problèmes d’hypotonie de la sphère linguale et pour diminuer la salivation excessive puis pour stimuler et aider l’apprentissage du langage oral.
Elle vise à améliorer les troubles de la motricité fine. Elle permet d’améliorer la coordination des mouvements et la précision des gestes, surtout si une ataxie ou des tremblements sont présents. L’enfant utilisera plus facilement ses mains pour attraper et manipuler les objets.
Elle est utile en cas de trouble grapho-moteur à l’école. Elle peut également aider les personnes au mieux dans la réalisation des tâches quotidiennes en tenant compte de l’environnement. L’objectif de l’ergothérapie est de permettre à l’individu d’acquérir une meilleure autonomie individuelle, sociale et professionnelle en tenant compte de l’environnement.
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OMIM :
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Type 4 : https://omim.org/entry/614609?search=coffin%20siris&highlight=coffin%20siri
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Type 6 : https://omim.org/entry/617808?search=coffin%20siris&highlight=coffin%20siri
Type 7 : https://omim.org/entry/618027?search=coffin%20siris&highlight=coffin%20siri
Type 8 : https://omim.org/entry/618362?search=coffin%20siris&highlight=coffin%20siri
Type 9 : https://omim.org/entry/615866?search=coffin%20siris&highlight=coffin%20siri
Type 10 :
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Type 11 : https://omim.org/entry/618779?search=coffin%20siris&highlight=coffin%20siri
GeneReviews : https://www.ncbi.nlm.nih.gov/books/NBK131811/
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