Guide rédigé par Carole CORSINI, Professeur David GENEVIEVE Centre de référence Anomalies du développement CHU MONTPELLIER
Dernière mise à jour janvier 2017
Le syndrome Kabuki (SK) ou syndrome de Niikawa-Kuroki a été décrit pour la première fois en 1981. L’incidence de la pathologie est mal connue, elle est néanmoins estimée à 1 naissance pour 35000 environ.
Il est caractérisé par un syndrome polymalformatif associé à un déficit intellectuel. Il existe de très nombreux symptômes cliniques......
Retard de croissance pré et postnatal, déficit intellectuel (DI), malformations cardiaques, rénales, oculaire et squelettiques, fente palatine, obésité, anomalies endocriniennes (déficit en hormone de croissance, hyperinsulinisme), particularité des dermatoglyphes, surdité de conduction et/ou de perception, déficit immunitaire et pathologies auto-immunes). Les variations morphologiques du visage sont particulières, donnant un air de ressemblance à tous les enfants. On retrouve l’association de sourcils le plus souvent arqués avec une interruption au tiers moyen, un ptosis bilatéral, des fentes palpébrales allongées avec une éversion du tiers externe de la paupière inférieure donnant un aspect maquillé. Les oreilles sont souvent décollées ou dysplasiques. Le nez est souvent petit avec une columelle courte. La bouche est également petite avec un philtrum long, une lèvre supérieure fine et une lèvre inférieure éversée avec un aspect bilobé.
Il s’agit d’une affection autosomique dominante pour la majorité des patients. Le syndrome Kabuki est le plus souvent du à des mutations de novo, c’est-à-dire accidentelles et non héritées d’un gène appelé MLL2. En cas de mutation dans le gène MLL2, le risque de récidive pour un couple avec un enfant atteint....
est donc proche de celui de la population générale (il n’y a pas encore eu de démonstration de mosaïque germinale dans cette affection). Le risque pour un patient atteint, avec mutation dans le gène MLL2, d’avoir un enfant avec syndrome Kabuki est par contre de 50%. Par ailleurs, 6 patients ont été décrits avec l’anomalie d’un autre gène appelé KDM6A localisé sur le chromosome X. Dans ce cas, le mode d’hérédité est mal connu. Un mode dominant est pressenti. Le risque pour un patient atteint, avec une anomalie du gène KDM6A, d’avoir un enfant avec syndrome Kabuki est probablement de 50%. Il n’y a pas de corrélation génotype-phénotype remarquable chez les patients avec SK et mutations dans le gène MLL2.
Une étude en génétique moléculaire est conseillée afin de pouvoir proposer un diagnostic prénatal ou un diagnostic pré-implantatoire pour le patient avec syndrome Kabuki une fois l’indication acceptée par le Centre Pluridisciplinaire de Diagnostic Prénatal.
Le Syndrome Kabuki est un diagnostic difficile qui reste un diagnostic d’expertise. Il est basé sur l’interprétation des variations morphologiques faciales mineures. Il est difficile à réaliser avant l’âge de 1 an et après l’âge de 16-18 ans du fait de l’évolution des variations morphologiques.
Il doit être évoqué devant l’association .....
d’une fente palatine à un syndrome polymalformatif impliquant le cœur et/ou les reins, une surdité et un déficit intellectuel.
Du fait de son hétérogénéité clinique, la prise en charge de ce syndrome doit donc être multidisciplinaire et adaptée aux symptômes cliniques et paracliniques afin d’éviter toute situation de sur-handicap.
Bilan des malformations congénitales
Elles peuvent être nombreuses et imposent au moment du diagnostic des consultations systématiques auprès des médecins spécialistes impliqués.
Les principales malformations incluent :
Bilan des anomalies biologiques
· Certaines anomalies présentes à la naissance ne pourront être reconnues que par un bilan biologique.
· Numération formule sanguine avec numération des plaquettes : environ 10% des patients pésentent des manifestations auto-immunes à type d’anémie, de thrombopénie, de neutropénie ou de pancytopénie auto-immune
· Bilan endocrinien à la recherche d’un déficit en hormone de croissance, d’un hyperinsulinisme
Surveillance
Toute anomalie mise en évidence lors du bilan initial doit être prise en charge par l’équipe médicale spécialisée.
La surveillance générale sera programmée par le Pédiatre puis le Médecin de famille avec la famille en fonction des problèmes médicaux.
Des difficultés alimentaires sont souvent présentes à la naissance nécessitant parfois une nutrition entérale par......
sonde nasogastrique voire la mise en place d’une gastrostomie. Ces difficultés alimentaires vont disparaitre souvent après les 2 premières années de vie.
Des anomalies du palais sont également fréquentes. En effet, un palais creux est souvent observé (58% des patients) de même qu’un voile du palais court ou hypotonique responsables de difficultés de phonation. La fente palatine isolée est plus fréquente que la fente labiale dans le syndrome Kabuki.
Avec le temps, des problèmes divers et des difficultés peuvent apparaître qu’il faut prendre en charge le plus précocement possible. Une épilepsie est observée chez 25 à 35% des patients. Cette épilepsie est présente habituellement dans les 5 premières années de vie mais peut apparaitre plus tard. Il s’agit d’une épilepsie habituellement facilement contrôlable par des antiépileptiques classiques.
Une obésité est souvent observée (26% des patients). Elle apparait vers l’âge de 6-8 ans ou au moment de la puberté. 30% des filles présentent une puberté thélarche. Des anomalies orthopédiques à type de scoliose sont également fréquente et à surveiller.
C’est le suivi régulier et une prise en charge précoce et adaptée de l’enfant qui doit permettre d’offrir la meilleure qualité de vie à l’âge adulte.
A télécharger: Fiche suivi médical 0 à 6 ans
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Surveillance clinique : croissance, alimentation, troubles de la déglutition, audition, infections ORL et respiratoires, développement psychomoteur et mouvements épileptiques, troubles phonatoires et du langage, anomalies, cardiaques, ophtalmologie, déficit immunitaire, déficit en hormone de croissance, hyperinsulinisme…
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A télécharger : fiche suivi médical 5 à 12 ans
langage et prise en charge spécifique (médicale et orthophonique)
· Examen et soins dentaires
Autres consultations de Médecin spécialiste en fonction des pathologies existantes (chirurgie pédiatrique du palais, orthopédie pédiatrique, cardiologie, immunologie, endocrinologie,neuropédiatrie)
Examens complémentaires
Bilan hématologique, immunitaire, endocrinien et thyroïdien, contrôle de l’immunité effective des vaccinations effectuées
Surveillance clinique obésité, troubles de la déglutition, audition, infections ORL et respiratoires, troubles de l’acquisition du langage, acquisitions scolaires, troubles du comportement, anomalies cardiaques, orthopédie, ophtalmologie, déficit immunitaire (si persistant), troubles endocriniens (GH, TSH...), maladies auto-immunes,…
A télécharger: Fiche suivi médical 12 ans à l'age adulte
Vaccinations habituelles
Consultation avec un professionnel spécialisé dans l’adolescence, psychologue, infirmière scolaire ou un gynécologue spécialisé.
Autres consultations de spécialiste en fonction des pathologies existantes (ORL, cardiologie, neurologie, endocrinologie, immunologie, psychologue, pédopsychiatre,…)
Examens complémentaires
Bilan hématologique, endocrinien, immunitaire, contrôle de l’immunité effective des vaccinations effectuées
Surveillance clinique : alimentation, obésité, audition, ORL, développement cognitif, troubles du langage, acquisitions scolaires, troubles du comportement, orthopédie, ophtalmologie, hypocalcémie, déficit immunitaire (si persistant), troubles endocrinien, maladies auto-immunes, ostéodensitomètrie,…
Ng SB, Bigham AW, Buckingham KJ, Hannibal MC, McMillin MJ, Gildersleeve HI, Beck AE, Tabor HK, Cooper GM, Mefford HC, Lee C, Turner EH, Smith JD, Rieder MJ, Yoshiura K, Matsumoto N, Ohta T, Niikawa N, Nickerson DA, Bamshad MJ, Shendure J. Exome sequencing identifies MLL2 mutations as a cause of Kabuki syndrome. Nat Genet. 2010 Sep ;42(9):790-3.
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Hannibal MC, Buckingham KJ, Ng SB, Ming JE, Beck AE, McMillin MJ, Gildersleeve HI, Bigham AW, Tabor HK, Mefford HC, Cook J, Yoshiura K, Matsumoto T, Matsumoto N, Miyake N, Tonoki H, Naritomi K, Kaname T, Nagai T, Ohashi H, Kurosawa K, Hou JW, Ohta T, Liang D, Sudo A, Morris CA, Banka S, Black GC, Clayton-Smith J, Nickerson DA, Zackai EH, Shaikh TH, Donnai D, Niikawa N, Shendure J, Bamshad MJ. Spectrum of MLL2 (ALR) mutations in 110 cases of Kabuki syndrome. Am J Med Genet A. 2011 Jul ;155A(7):1511-6.
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Miyake N, Mizuno S, Okamoto N, Ohashi H, Shiina M, Ogata K, Tsurusaki Y, Nakashima M, Saitsu H,Niikawa N, Matsumoto N. KDM6A point mutations cause Kabuki syndrome. Hum Mutat. 2013 Jan ;34(1):108-10
Gene Reviews : http://www.ncbi.nlm.nih.gov/books/NBK62111/
CHU de Montpellier
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