Guide rédigé par Centre de référence Anomalies du développement CHU MONTPELLIER
Dernière mise à jour janvier 2017
Le syndrome X-fragile est un syndrome génétique lié à une
anomalie du gène FMR1 sur le chromosome X. Le syndrome X-fragile correspond au retard mental le plus fréquent après la trisomie 21, sa prévalence (nombre de personnes atteintes dans une population à un moment donné) est de 1 pour 4000 garçons et de 1 pour 8000 filles.
Les anomalies du gène sont particulières et expliquent les différents problèmes rencontrés dans les familles dans lesquelles l’anomalie du gène se transmet.
Le gène normal FMR1 présente une particularité, il comporte un .......
code génétique (CGG) qui se répète en moyenne une trentaine de fois chez un sujet "normal".
Conseil génétique : Il est très important de rencontrer un généticien lorsque le syndrome X-fragile a été découvert dans une famille.
Si un homme est porteur d’une prémutation il la transmettra à toutes ses filles mais jamais à ses garçons. Un homme porteur d’une prémutation n’a aucun trouble particulier mais peut, dans certains cas, développer un FXTAS.
Si une femme est porteuse d’une prémutation, elle pourra transmettre à chacun de ses enfants soit le gène normal (une fois sur deux) soit la même prémutation soit transmettre une mutation complète avec plus de 200 répétitions (seules les femmes ont la possibilité d’augmenter de nombre de CGG dans leur descendance).
Certaines femmes porteuses d’une prémutation sont à risque de faire une ménopause précoce (POF). Si le risque est élevé, il est recommandé à ces femmes d’avoir des enfants assez tôt dans leur vie.
Si un garçon est porteur d’une mutation complète, il présentera des difficultés comportementales et cognitives variables associées parfois à des problèmes médicaux. Il est recommandé de prendre en charge précocement l’ensemble des problèmes afin d’éviter tout surhandicap et d’assurer un développement le meilleur possible à l’enfant.
Si une fille est porteuse d’une mutation complète, elle peut avoir un développement strictement normal ou présenter les mêmes difficultés existant chez les garçons avec en général une gravité moindre.
La prise en charge des enfants qui ont des difficultés cognitives et comportementales associe une prise en charge médicale, paramédicale, psychologique, éducative et sociale.
Lorsque l’on retrouve chez une personne des anomalies du gène FMR1, il est conseillé de rechercher chez les apparentés ceux qui risquent de développer la maladie ou de la transmettre à leurs enfants. En France, la famille d’un enfant atteint a l’obligation d’informer les membres de sa famille qui sont à risque de développer ou de transmettre l’anomalie génétique.
Lorsqu’une femme est à risque d’avoir des enfants porteurs d’une mutation complète, elle peut bénéficier, afin d’éviter d’avoir des enfants malades, d’un diagnostic prénatal (DPN) ou d’un diagnostic préimplantatoire (DPI).
* Voir dossier "Génétique du syndrome X-fragile" journée du réseau
Le diagnostic de syndrome X-fragile est rarement porté avant l’âge de 3 ans en dehors d’une histoire familiale connue.
Si le diagnostic est fait chez un enfant au cours des premiers mois de vie, l’examen doit rechercher
Lorsque le diagnostic est réalisé plus tardivement vers l’âge de trois ans ou plus tard, l’examen doit vérifier
Les enfants X-fragile ont un risque d’avoir une audition moins bonne du fait de la grande fréquence des otites (60 à 80% des enfants), des sinusites (20%) et de la possibilité de surdités associées.
L’examen clinique doit rechercher
Il existe très fréquemment à l’examen du développement psychomoteur une hypotonie, un retard de langage, des troubles du comportement à type d’anxiété, d’hyperactivité, de déficit de l’attention, d’irritabilité, des troubles de la communication ou de la socialisation. Certains enfants peuvent avoir des troubles ressemblant à de l’autisme. De manière générale, il faut aider l’enfant à mieux gérer ses angoisses et anticiper les changements.
* Voir dossier "Les troubles du comportement et troubles psychiatriques" journée du réseau
Au moment du diagnostic, la découverte de troubles du développement psychomoteur, médicaux ou comportementaux impose une prise en charge spécifique.
La moitié des enfants ont des troubles sphinctériens (énurésie, encoprésie) qu’il faut signaler lors des consultations pour une prise en charge adaptée.
Une consultation avec un psychologue et/ou pédopsychiatre est en règle générale importante.
Bilan des anomalies biologiques
Toute suspicion du diagnostic doit être confirmée par l’analyse moléculaire du gène FMR1 qui seule pourra confirmer ou infirmer le diagnostic.
Si le diagnostic est confirmé, il est important de signaler aux parents le risque de récidive lors de nouvelles grossesses et de proposer une analyse des autres membres de la famille qui auraient alors un risque de transmettre éventuellement le syndrome X-fragile à leurs enfants. L’évaluation des personnes à risque est établie avec le médecin généticien en consultation de conseil génétique.
La surveillance générale sera programmée par le pédiatre puis le médecin de famille avec la famille en fonction des problèmes médicaux. Il est recommandé que l’enfant puis l’adulte soit suivi une fois par an par une équipe spécialisée dans un centre de référence ou de compétence.
Avec le temps, des problèmes divers et des difficultés peuvent apparaitre qu’il faudra prendre en charge le plus précocement possible. Afin de prévenir ces problèmes, un suivi annuel par des médecins d’un centre de référence est préconisé.
C’est le suivi régulier et une prise en charge précoce et adaptée de l’enfant qui doit permettre d’offrir la meilleure qualité de vie à une personne ayant un syndrome X-fragile.
* Voir dossier "Eviter le surhandicap" journée de formation du réseau
A télécharger Fiche suivi médical 0 à 5 ans
Consultations pédiatriques régulières aux dates fixées par le pédiatre, les médecins du CAMSP, ou autres structures de prise en charge. Suivi annuel par un médecin spécialisé (centre de référence, de compétence…)
reflux gastro-œsophagien, d’apnées.
Surveillance clinique : alimentation, troubles de l’alimentation (reflux gastro-œsophagien), hypotonie, développement psychomoteur, langage, ophtalmologie, audition, comportement.
A télécharger Fiche de suivi médical 5 à 12 ans
Consultations médicales régulières (pédiatres, neuropédiatres, …) Suivi annuel par un médecin spécialisé (centre de référence, de compétence…)
Consultation
cardiologie,
Surveillance clinique : alimentation, obésité, orthopédie, développement cognitif, langage, ophtalmologie, audition, développement des organes génitaux (macroorchidie après 9 ans), soins dentaires, troubles du comportement, de la communication, de la socialisation, scolarité.
A télécharger Fiche suivi médical 12 ans Age adulte
Consultations médicales régulières (pédiatre, médecin généraliste,…), suivi annuel par un médecin spécialisé (centre de référence, de compétence…)
plats, statique vertébrale (scoliose)
Surveillance clinique : alimentation, obésité, puberté, orthopédie, cœur, développement cognitif, langage, scolarité, troubles du comportement, psychologie, ophtalmologie, audition,
Consultations médicales régulières, suivi annuel par un médecin spécialisé (centre de référence, de compétence…)
sommeil, troubles de la mémoire, déclin cognitif, troubles psychiatriques.
Autres consultations de spécialiste en fonction des éventuelles pathologies existantes.
Surveillance clinique : obésité, ophtalmologie, cardiologie, gynécologie, fonctions cognitives, intégration sociale et professionnelle, comportement.
A tout âge, les liens réguliers avec un Centre de Référence permettront aux familles de se tenir informées sur la prise en charge de l’enfant puis de l’adulte, des programmes de recherche proposés concernant les personnes X-fragile.
La prise en charge paramédicale démarre dès que les premières difficultés dans le développement psychomoteur sont rencontrées. Elle sera le plus souvent débutée alors que le diagnostic d’X-fragile n’est pas connu.
La prise en charge paramédicale est toujours pluridisciplinaire et doit être coordonnée. Elle implique :
charge précoce de l’hypotonie par des séances de kinésithérapie dès les premiers signes d’une hypotonie reconnus. Le but de la kinésithérapie est d’améliorer l’enfant dans son développement neuromoteur en prenant en charge l’hypotonie du tronc et des membres et l’hyperlaxité articulaire présente chez l’enfant X-fragile. La mise en place précoce de séances de kinésithérapie permet d’acquérir plus rapidement les étapes motrices de l’enfant : tenue de tête, station assise, passage assis-couché, déplacement en rampant, 4 pattes, station debout puis acquisition de la marche.
* Voir dossier "troubles du langage" journée du réseau X-fragile
* http://www.xfra.org/accompagnements---suivi---prise-en-charge/education-reeducation/
La prise en charge est pluridisciplinaire, elle doit être poursuivie pendant l’enfance et l’adolescence. Elle sera d’autant plus efficace qu’un partenariat entre les parents, les différents professionnels médicaux, paramédicaux, les assistantes sociales, les psychologues et les professionnels de l’Education Nationale s’installe.
La prise en charge ne doit jamais être « intensive »
A l’âge adulte, la prise en charge doit se poursuivre de manière orientée, car rares sont les hommes qui peuvent devenir totalement autonomes :
* Voir dossier "Vie d’adulte" journée du réseau
Sources: Site : Tous à l'école :http://www.tousalecole.fr/
Conséquences sur la vie quotidienne et la vie scolaire
Chaque cas est particulier et le retentissement du syndrome est variable d'un jeune à un autre. Concernant le retentissement cognitif, chez le garçon, il s'agit rarement de simples difficultés d'apprentissage. Le plus souvent, il existe une
déficience intellectuelle modérée. Elle est parfois sévère. (Voir fiche médicale)
La déficience intellectuelle, quand elle est présente chez les filles, est le plus souvent atténuée. Elles ont alors un parcours scolaire à la limite de la normale avec des difficultés en mathématiques (abstraction). Les activités nécessitant des capacités spatiales, visuelles et d'attention les mettent en difficulté, ainsi que celles liées au fonctionnement exécutif comme formuler une intention ou élaborer un plan d'exécution. Les tâches nouvelles ou non-familières peuvent les mettre en difficulté.
Du fait de la grande diversité des troubles possibles et de leur retentissement, les modalités de la scolarisation de ces élèves sont diverses : classe ordinaire, Ulis (Unité localisée d'inclusion scolaire) ou Segpa (Section d'Enseignement Général et Professionnel Adapté), beaucoup plus rarement UE (Unité d'Enseignement) dans un établissement spécialisé. L'accompagnement par un Accompagnant d’Elève en Situation de Handicap ou AESH (antérieurement Auxiliaire de Vie Scolaire ou AVS) est parfois indiqué. Selon les cas, il pourra donc être utile d'élaborer un Projet d’Accueil Individualisé (PAI) ou bien de mettre en place un Projet Personnalisé de Scolarisation (PPS). Ces projets donneront le détail des aménagements à réaliser. Le PAI est élaboré à la demande des parents et sous la responsabilité du chef d'établissement, en lien avec le médecin scolaire. Le PPS est réalisé avec la Maison départementale des Personnes Handicapées (MDPH).
L'élève porteur du syndrome de l'X-fragile a généralement un suivi médical. Il peut bénéficier, selon les cas, d'une prise en charge rééducative (orthophonie, psychomotricité, ergothérapie, kinésithérapie...) et parfois d'un suivi psychologique. Son emploi du temps devra être aménagé afin de trouver un équilibre pour dédier un temps suffisant aux apprentissages, en veillant à ne pas surcharger le jeune.
Aménagements spécifiques
Pour des jeunes présentant des difficultés d'attention et de concentration, parfois agités et anxieux,
Aménagement des examens
Pour les troubles du langage oral qui touchent particulièrement le versant expressif, le fait de laisser le temps à l'élève de répondre, de l'interroger régulièrement sur des notions dont on pense qu'il les maîtrise, de s'assurer que ses camarades de classe ne vont pas se moquer de lui, permettent qu'il prenne confiance en lui et progresse.
Des difficultés de coordination motrice doivent conduire à
Compte tenu de la diversité des troubles rencontrés dans le syndrome de l'X-fragile, il est nécessaire de se reporter selon les cas à différentes fiches : Troubles des fonctions exécutives, Troubles de la mémoire, Dysphasie, Dyspraxie, Troubles de l'attention avec hyperactivité et au lien concernant les troubles des apprentissages
EPS
Compte tenu de possible retard du développement, l'enfant peut avoir des troubles de la coordination motrice : saut à cloche pied impossible, lancer de ballon correct mais réception non adaptée.
D'autre part, des anomalies de l'appareil locomoteur, des cardiopathies parfois, des séquelles d'otite peuvent exiger
Dans tous les cas, il est important de se référer aux indications du PAI ou du PPS et le médecin scolaire est un interlocuteur auquel il est utile de s'adresser. En outre, ces jeunes peuvent avoir des difficultés dans les sports collectifs, en lien avec l'élaboration de stratégies et du fait de leur comportement.
Sorties scolaires
En cas de sorties scolaires et/ou de séjour en classe de découverte, certains élèves porteurs du syndrome de l'X-fragile pourront avoir besoin d'un accompagnement plus important que leurs pairs du même âge, compte tenu de leur hypersensibilité, pour tout ce qui concerne leur installation et leur acclimatation au nouvel environnement (repérage des lieux). De plus, certains jeunes peuvent avoir un traitement médicamenteux régulier qui nécessite de prévoir les modalités de stockage et de délivrance des médicaments, en veillant à la sécurité de leur accès, en fonction de l'âge du jeune et de ses camarades. Les prescriptions devront être mentionnées dans un PAI ou un PPS.
Selon les besoins du jeune, différents aménagements sont envisageables.
Du fait de leurs difficultés, les jeunes atteints du syndrome de l'X-fragile ne peuvent pas toujours accéder à un diplôme complet de type CAP ou BEP, en particulier dans les domaines généraux. Il est possible pour certains d'obtenir une attestation d'aptitudes professionnelles, s'appuyant sur les référentiels du CAP ou du BEP. Les compétences validées par les professeurs de lycée professionnel ou les tuteurs de stage figurent sur cette attestation et mettent ainsi en valeur leurs capacités professionnelles vis-à-vis des entreprises.
Orientation professionnelle
Elle doit être envisagée au cas par cas en sachant que, pour les garçons, rares sont ceux qui parviennent à devenir complètement autonomes ; l'accès à l'emploi peut selon les cas se faire en milieu ordinaire ou en milieu protégé. Pour les filles, l'accès à un travail en milieu ordinaire est généralement possible.
Éléments favorisant le projet scolaire
Compte tenu de leur anxiété et leur hypersensibilité, avec une tendance au retrait, il est important de mettre en place un accueil de qualité pour les élèves et leurs familles lors des rentrées scolaires au niveau de l'établissement et de la classe. Ce, d'autant plus qu'ils sont dans un environnement nouveau. La qualité du climat et des relations dans la classe et dans l'établissement est essentielle, certains jeunes atteints du syndrome de l'X-fragile pouvant être la cible de moqueries de la part de leurs pairs, du fait de leur comportement, de leurs difficultés relationnelles ou de leur retard intellectuel. L'ensemble des adultes de la communauté éducative a un rôle important dans la régulation des échanges et des attitudes entre élèves.
Pour un jeune présentant des troubles de l'audition, il est utile de le
Récapitulatif des mesures à privilégier
Avoir à l'esprit la diversité des troubles existants, ainsi que leur variation d'intensité selon les jeunes.
Favoriser un accueil de qualité à l'école, prenant en compte particulièrement la sensibilisation de tous pour développer un climat et des relations de respect dans la classe et dans l'établissement.
Mettre en place une relation de confiance permettant au jeune de construire des compétences relationnelles.
S'appuyer sur les axes du PAI et/ou de PPS pour mettre en place les aménagements nécessaires de la vie scolaire et une pédagogie adaptée.
23/06/2017
http://www.tousalecole.fr/content/x-fragile-syndrome-de-l
http://www.xfra.org/accompagnements---suivi---prise-en-charge/education-reeducation/
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CHU MONTPELLIER Hôpital Arnaud de Villeneuve
Département de génétique médicale
CHU MONTPELLIER Hôpital Gui de Chauliac
Département ORL et chirurgie cervico-faciale (Pôle Neurosciences Tête et Cou)
CHU MONTPELLIER Hôpital Gui de Chauliac
Département d’ophtalmologie
CHU MONTPELLIER Hôpital Arnaud de Villeneuve
Département de Pédiatrie
CHU MONTPELLIER Hôpital Gui de Chauliac
CHU MONTPELLIER Service de Médecine Psychologique Enfants et Adolescents Peyre Plantade
Département psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent